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Pratique de la dérision pure
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Pratique de la dérision pure
2 août 2009

FIN DES VACANCES

S’il y a un moment pénible au moment des vacances, c’est bien celui où il faut quitter son lieu de villégiature. J’en sais quelque chose !

J’ai connu cette épreuve… il y a cinq ans. Et depuis je la vis tous les jours.

Mes huit jours de location dans ce camping se terminaient. Ma voiture était chargée ; j’avais réglé l’addition – salée puisque ce n’était pas trop loin de la mer – ; j’avais fait mes adieux à mes compagnons d’infortune…

Au moment de tourner la clé de contact… je me suis affalé sur le volant ! Pris d’un besoin de sommeil aussi impératif qu’irrépressible ! Impossible de continuer : je ne pouvais pas partir dans cet état, j’aurais été un danger non seulement pour tout le monde, ce qui n’était pas très grave, mais pour moi- même, ce qui l’était beaucoup plus.

Quand je me suis réveillé, il était trop tard pour prendre la route.

Le lendemain, même problème. Les jours suivants également. Depuis cinq ans !

Ce n’est pas la qualité de mon séjour la cause de mon involontaire attachement à ce lieu.

Un camping comme celui-là, qui ne brille pas par le nombre de ses étoiles, ne présente pas les mêmes caractéristiques qu’un yacht d’obscènes potentats !

Situé dans une pinède à moitié chauve, en bordure de la route menant à l’océan distant de 8 kilomètres, la poussière lui donne son aspect dominant. Le sable y est présent partout, aussi bien dans votre assiette que dans votre douillet couchage. Sa situation dans un creux lui confère une chaleur généreuse, voire étouffante. Même avec un tuba, la respiration n’est pas aisée.

Il y a la clientèle, disons commune, des gens de tout poil – avec ou sans – des habitués pour la plupart. Accoutumés à faire contre mauvaise fortune bon cœur… et bon estomac. En général, ils sont très conviviaux, parfois un peu trop. Parfois aussi le « viviaux » est de trop... comme partout.

Sont communes aussi les commodités qui n’ont jamais si mal justifié leur nom. Il faut être debout à cinq heures du matin, si on veut y accéder sans trop de problèmes ; une heure plus tard, il faut des bottes ; après c’est fini, c’est risquer sa vie ; un dérapage incontrôlé est inévitable et on n’est pas dans la m…, euh… enfin si, on y est ! Il ne faut donc pas s’attendre à ce que ce soit l’odeur iodée de la mer qui domine…

Il y a des douches… communes aussi. Malheureusement, celles-ci ne fonctionnent qu’avec de l’eau, ce qui n’est pas révolutionnaire, il faut le reconnaître. Malheureusement, il y en  a très rarement car la citerne qui les alimente est plus souvent vide que pleine. Car, malheureusement, la pompe qui doit la remplir est rarement en état de marche. Et, malheureusement, personne pour la réparer.

D’ailleurs, à propos de marche, c’est le seul moyen de se rendre à la mer car la circulation est tellement intense sur la route qu’il est suicidaire de prendre sa voiture. Et comme il n’y a qu’un minuscule parking à proximité du grand bleu ( !) , il faut la poser à plusieurs kilomètres de là, c’est-à-dire quasiment au niveau du camping…

Donc, la mer, je ne l’ai vue qu’une seule fois, et je l’ai bien regretté ! Bousculé, chassé, j’en suis revenu en faisant vinaigre, salé, poivré (de poussière), fourbu, brûlé, assoiffé, j’ai juré qu’on ne m’y reprendrait plus.

Je n’avais donc aucune raison de rester outre mesure dans « Le jardin d’Eden» ( !). Bien au contraire !

Ce n’était pas dû non plus au manque de sommeil. Pas plus à une fatigue intense. C’était inexplicable : je ne pouvais pas franchir la porte de sortie. Laquelle, par coïncidence, était pourtant la même que la porte d’entrée que j’avais empruntée – et rendue – en arrivant.

Si bien que toutes mes tentatives échouèrent et qu’ainsi je fus condamné à rester sur le terrain de camping. Le patron est passé par tous les états d’âme face au problème que je représentais : la surprise, l’incrédulité, la colère, la perplexité, le doute etc. pour finir il accepta, à bout de forces, de considérer mon cas comme une farce de la nature humaine.

Evidemment, il me fallait payer mon minable et interminable séjour. J’ai vendu ma voiture, j’ai vendu ma tente, puis toutes les misérables petites bricoles qui me restaient. Pour rentrer dans ses fonds, le patron, me prit alors comme homme de peine ; c’est moi qui, entre autres mille choses, nettoyais les ………choses.  

Lorsque le camping ferma à la fin de la saison, le même phénomène persista. Bon bougre, quand il dut s’en aller, le patron me permit d’utiliser  la niche du chien pour me loger et me chargea de garder son bien, en échange d’un ravitaillement en croquettes pendant l’intersaison.

Voilà pourquoi depuis ce moment je suis attaché aux lieux de mes premières vacances où j’exerce la fonction de chien de garde.

Si vous avez un remède à mes troubles du sommeil, soyez assez gentils de me le faire savoir, car vraiment, je suis aux abois.

J’aurais au moins une piste à suivre, un os à ronger, ce serait bon pour mon moral et pour mes crocs.

Merci d’avance.

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