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Pratique de la dérision pure
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Pratique de la dérision pure
24 août 2008

UNE JOURNEE EXTRAORDINAIRE

Ce jour d’hui fut extraordinaire et je manquerais à tous mes devoirs de citoyen responsable, si je ne vous le narrais par le menu – la carte me reviendrait trop chère – afin de vous en faire partager les péripéties.

Ce matin, je ne me suis pas levé très tôt. Pas très tard non plus. Pour la raison que je ne devais pas me rendre à mon travail. Pas plus que demain… ni après. A dire vrai, je n’ai pas de travail. Une fois debout, je suis allé sacrifier aux exigences de notre constitution corporelle – je précise « corporelle », car je ne voudrais pas que l’on confonde avec la Constitution de la France, qui est notoirement différente, et donc possède des exigences d’un autre ordre. Cela fait, si j’ose dire, j’ai pris un petit déjeuner composé d’une tasse de café, sans lait, et de deux modestes tartines beurrées. Ce qui me prit presque une demi-heure.

Ainsi nanti d’un viatique alimentaire, je m’en fus allé procéder à ma toilette. D’abord, rasage de la barbe et brossage des dents. Parfois je change, je me brosse les dents avant de me raser, mais le temps passé reste le même. Après j’ai pris une douche, pas trop chaude, mais pas trop froide non plus. Je préfère la douche au bain, car j’ai remarqué que l’on gagnait un temps précieux, et donc de l’argent, notamment pour le lavage des cheveux. Sans compter l’économie d’eau, si indispensable en ces temps de sécheresse promise par tous les bons écolos en vue.

Ensuite, je me suis habillé. Là, c’est à la mode à laquelle je sacrifie. J’aime les vêtements de bon goût, c’est-à-dire pas trop ostentatoires, ni trop « tout venant ». C’est pourquoi, j’ai préféré pour ce jour un jean bleu et un tee-shirt blanc et une paire de chaussures de basket. Pour couronner le tout, si je puis dire, j’ai enfilé un petit blouson de toile légère de couleur vieux rose avec la mention « New York city » imprimée au verso. Je l’ai choisi car il me va bien au teint, et il va bien au temps aussi car il est imperméable. Ce qui est indispensable sous ces pluies continuelles qui n’ont pas la correction de suivre les prévisions des écolos bien-pensants etc. La pudeur bienséante qui me caractérise m’a empêché de préciser que j’avais enfilé un caleçon avant le jean, j’ai préféré passer ce moment délicat sous silence. D’ailleurs mon récit ne s’en ressentira pas.

Me voyant ainsi habillé, et n’ayant pas autre chose à faire, j’ai décidé d’aller faire quelques courses dans les environs, malgré la pluie. Il devait être autour de dix heures, dix heures et demie. C’est très important de le noter. En sortant de chez moi, j’ai emprunté le trottoir sur ma droite. Pourquoi ? Je ne le sais pas. J’aurais pu partir aussi bien sur celui de gauche qui s’attendait pareillement à être emprunté… mais non, j’ai choisi, sans doute inconsciemment, d’aller à droite ! On ne contrôle pas le destin !

Au bout de quelque temps, je m’aperçus que toutes les boutiques dans lesquelles je souhaitais faire mes emplettes étaient fermées ! Ce fut pour moi une très grande surprise à laquelle bizarrement je ne m’attendais point. Jusqu’au moment où je réalisai que nous étions lundi et que les magasins avaient donc une bonne raison de ne pas ouvrir. Ce fut pour moi une très grande désillusion. Je m’étais mis sur mon « trente et un » pour rien ! Il devait être entre onze heures et onze heures et quart, au moins. Et je ne me doutais encore de rien !

J’avais encore un peu de temps devant moi et je pris alors la décision insensée de pénétrer dans le seul établissement ouvert le lundi : le café brasserie de la place. Pour me donner l’impression d’être en vacances, malgré la pluie, j’ai commandé un pastis. En général, je déteste cela en dehors des mois de juillet et d’août. Mais là, je ne sais pas encore ce qui m’est passé par la tête et je me suis retrouvé en tête à tête avec cette boisson. Que j’ai sirotée avec détachement et circonspection jusqu’à la dernière goutte. Pour ne pas froisser le tenancier. Je suis sorti de ce lieu, il était quasiment midi. Je commençais à ressentir quelques frémissements anormaux, mais j’attribuai cela au refroidissement dû à la pluie.

A midi et quart, midi vingt, j’étais à table pour le déjeuner. Comme tous les lundis, ma femme avait concocté un steack-nouilles, accompagné d’une salade verte. Pour le dessert un petit morceau de camembert – pas trop fait – et, (pas ou !) un fruit de saison. J’ai pris une banane. A treize heures, très exactement, je me suis installé devant la télé pour obtenir des informations sur les évènements mondiaux du jour. Là, j’ai le choix. Soit Cucu-concon sur la première chaîne, soit Cucu-gnangnan sur la seconde. Charybde ou Scylla, la peste ou le choléra. Le premier est plus intéressé par le nouveau four à pain du boulanger d’un petit village de la Creuse que par ce qui se passe dans le monde. La seconde, après son : « Bonjour bienvenue dans VÔTRE édition du 13 heures ! », genre Zavata (Bonzour les pétits zenfins !), et l’inévitable rubrique football, énumère, avec le sourire satisfait de l’idiote du village, le quota de morts violentes survenues dans les dernières vingt-quatre heures. J’alterne tous les jours dans l’espoir que l’un ou l’autre disparaisse pour laisser enfin la place à un vrai journaliste. Aujourd’hui c’était cucu-gnangan. Visiblement, c’était son heure de gloire. Pensez donc : inondations ici et là, séismes ailleurs, et puis l’Irak et l’Afghanistan, toujours au rendez-vous, et j’en passe et des pires. La hausse des prix, les déplacements de qui-vous-savez etc. La météo annonce de la pluie, trop tard, elle est déjà là. Que des nouvelles rassurantes !

A quatorze heures, j’ai reçu un coup de téléphone de mon beau-frère. Le mari de la sœur de ma femme. Il n’est pas méchant mais… il est comme il est, ce n’est pas moi qui l’ai choisi. Il m’a annoncé que ce soir il y avait un match de foot à la télé, surtout à ne pas manquer (je les manque tous, je déteste le foot). A part cela, que la gamine –ma nièce en l’occurrence – elle va avoir huit ans, avait attrapé « la rougeole ou la rubéole, un truc comme ça ». Et qu’il était constipé. J’aime beaucoup recevoir des nouvelles de la famille. Fin de la communication à quinze heures quinze, voire quinze heures dix-sept. Le « timing » reprenait.

Lesté de tant d’informations, j’ai rejoint mon ordinateur pour m’occuper de mon blog. Je l’avais laissé un peu à l’abandon par suite de déconvenues d’amour propre, survenues et essuyées proprement, mais ayant laissé des traces sur un ego déjà froissé. Le mettre à jour m’a emmené jusqu’à pratiquement dix-huit heures, peu ou prou.

Jusqu’à dix-neuf heures, j’ai mis un peu d’ordre sur mon bureau qui en manque cruellement et j’ai même passé l’aspirateur sur le coin qui m’est dévolu. Et déjà, il c’était l’heure de mon apéritif et de mon jeu télé favori : « Qui veut gagner des millions ? ». J’arrive presque toujours au premier palier ! Après… . Mais j’arrive toujours à la fin de mon apéritif ! Le deuxième de la journée… demain je me mets à l’eau gazeuse. Il était déjà presque vingt heures. Le dénouement approchait, je le sentais bien alors.

L’heure des informations du soir. Au moins, les présentateurs ne sont pas les mêmes ! Mais quand j’ai vu sur TF1 la figure joyeuse de l’Inamovible, j’ai préféré, encore ce soir, me porter sur la Deux, laquelle, sans doute pour faire oublier la prestation de Cucu-gnangnan , propose au « vingt heures », des journalistes quasiment dignes de ce nom. Mais comme, les nouvelles étaient les mêmes que celles de treize heures, j’ai coupé court et j’ai répondu aux appels insistants de ma femme qui me réclamait à table. Elle m’avait cuisiné avec talent deux knakis pour accompagner le restant de nouilles de midi. On ne jette rien par souci d’une conduite écologiste affirmée. Il y avait encore beaucoup de nouilles, c’est pourquoi, après trois assiettées bien pleines, j’ai renoncé au dessert. D’ailleurs, il n’y avait plus de bananes.

Il devait être entre vingt heures quarante-cinq, vingt heurs cinquante-six.

J’ai laissé ma femme devant le poste de télévision à regarder sa série policière préférée : cela lui fait oublier les tragiques situations réelles de ce bas monde. Et on apprend beaucoup de choses sur la façon de trucider son conjoint, sans se faire prendre. Il était vingt et une heures trente six.

Et me voici devant mon ordinateur, face à vous, mes chers lecteurs, car il me tardait de vous faire partager ma chance d’avoir une grande vie bien remplie, comme vous avez pu le constater, si vous m’avez suivi jusqu’ici.

J’ai une pensée empathique pour les gens qui mènent une petite vie et n’ont rien à raconter aux autres. Toutes les péripéties que j’ai vécues aujourd’hui vont certainement faire des envieux parmi vous, mais qu’ils ne désespèrent pas, on ne sait jamais de quoi demain sera fait.

Je vous souhaite à tous le bonsoir.

 Signé :  Gzormix, votre blogueur préféré.

PS: en plus, j’ai décidé de vous dévoiler une photo de mon cru et de mon intimité poussée jusqu’à son extrémité. Décidément, je vous gâte !

DSCF1776


Ce qui est extraordinaire ? C’est que vous m’avez lu jusqu’ici !

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Commentaires
A
C'est plombant, drôle mais plombant quand même.
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H
Ce qui est extraordinaire c'est que ma journée fut moins palpitante.
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