Les doigts de pieds mis à l’index
Pourquoi
l’homme, qui a nommé toutes les choses
qui l’entourent, et celles qui le constituent, a-t-il négligé ses orteils ?
Il
a nommé toutes les parties de son corps avec minutie.
Il
faut regarder les choses en face, certaines parties ont été plus
particulièrement gâtées qui se sont vues attribuer une multitude d’appellations diverses, plus ou moins de bon goût, sur
lesquelles je ne m’appesantirai pas.
Mais,
voyons le cas des mains. Chaque doigt a reçu un nom propre, qu’on utilise, même
quand il est sale.
Noms
qu’on pourrait trouver discutables…
Ainsi,
pour l’auriculaire, nommé en fonction de son utilité première, à savoir
remplacer le coton tige, on aurait pu trouver autre chose… sachant qu’il sert
aussi à boire le thé de façon élégante, à rapporter des choses secrètes à la
reine mère et même aux autres mères.
Il
sert également aux ravisseurs pas ravissants pour prouver l’identité de leurs
ravis ; je réprouve cet usage très dégradant de la part des coupables.
L’annulaire,
avec deux « n », pour les nuls en orthographe, sert à enfiler
l’anneau nuptial, il symbolise un maillon de la chaîne qu’on vient de se mettre
autour du cou ; Freud y a peut-être
trouvé un autre symbole plus terre à
terre, mais cela ne regarde que lui. Anneau qui coûtent souvent très cher, mais
pas assez pour payer les frais de divorce
Le
majeur a profité de sa taille pour obtenir l’avantage sur les autres doigts… Très
souvent, il remplace l’index pour
indiquer à un adversaire ce que l’on projette à son encontre. On cherche encore
le fondement d’un tel geste. Il y a bien d’autres usages qu’il serait
fastidieux, voire scabreux, d’énumérer.
L’index
est destiné à indiquer la sortie. Ce qui est bien pratique pour les personnes
qui s’égarent, dans les gares – notamment dans la salle des pas perdus – et
dans d’autres grands ensembles immobiliers, ou ailleurs. Il permet au patron
d’éviter des explications oiseuses à l’employé dont il veut se séparer, malgré
la grande douleur que cela lui cause. Mettre
à l’index, c’est mettre quelqu’un sur la touche. Position très inconfortable. Certains
musiciens s’en servent pour toutes les
touches, ce sont des touche-à-tout, même de ce qui ne les regarde pas.
Le
pouce, selon la façon dont on le brandit, arrête, ou incite à continuer. Il
arrête les autos quand, sur le bord de la route, une jolie fille s’en sert
d’index pour montrer la direction où elle voudrait aller. Mais ce geste
innocent est parfois mal interprété par les conducteurs, notamment quant à la
distance à parcourir et la conduite à tenir. À l’inverse, il exprime
l’admiration de son propriétaire à l’auteur d’un acte admirable et incite
celui-ci à persévérer. Mais ce doigt a surtout l’honneur d’être le premier en
service chez le nourrisson : il lui sert de substitut de tétin, de téton
ou de tétine.
Pour les orteils, qui sont aux pieds ce
que les doigts sont aux mains : rien !
Le
gros (hallux) et le petit orteil, à la limite, mais les intermédiaires :
rien. On les a oubliés, snobés, à croire qu’ils n’ont aucune utilité. Pourquoi
les avoir mis à l’index ?
Il
est intolérable de laisser perdurer un tel mépris à l’égard de serviteurs aussi
malmenés. Il faut absolument et immédiatement que cesse cette situation
dégradante, autant pour les orteils qui supportent l’homme avec beaucoup de
zèle et de patience, que pour ce dernier qui marche sur eux sans arrêt, ou
presque. Il faut exiger une loi pour qu’enfin les « zorteils »
puissent recevoir une dénomination comme toutes choses ici-bas. Ils l’ont
mérité. Une grande cérémonie nationale devrait consacrer cette avancée sociale
de nos arpions.
Je
commence donc ici une pétition afin d’amener les élus à légiférer pour mettre
fin à cette fâcheuse lacune, qui n’est pas à la gloire de l’humain.
Signataires :
- Gzormix , http://motzamaux.canalblog.com/
- Qui
sera le second ?