Une grippe pas courante… au contraire.
Mes chères lectrices et chers lecteurs…
…qui
vous inquiétez de ma disparition des écrans d’ordinateurs, soyez
rassurés : je suis bien la victime d’un virus.
Un
virus dont souffrent beaucoup de personnes de part le monde et même d’ailleurs,
et qui pour autant, n’intéressent pas les scientifiques. Et encore moins les
laboratoires.
Les
symptômes sont connus, mais ils s’installent tellement perfidement et
insidieusement que l’on ne s’aperçoit pas lorsque l’on passe du statut de
patient à celui de victime profondément atteinte.
On
est là, benoîtement installé devant son ordinateur et… plus rien. Ecran vide. Rien
ne se produite. Comme si on était débranché, comme un vulgaire appareil
ménager.
Les
deux coudes appuyés sur la table de travail, la tête prise entre les deux
mains, on regarde son clavier comme on le ferait pour un horizon lointain,
comme tous les horizons. Les azertyuiop et autres virgule ou point
d’interrogation, flottent dans un flou artistique, dansent au milieu de volutes
comme celles qui émanent des sols surchauffés de l’été.
Ce
n’est pas de la fatigue, comme pour une grippe classique. C’est pire. Tout
mouvement physique ou intellectuel demande des efforts considérables.
On
ne sait que faire de ce corps qui pèse des tonnes. Même la position assise est
incommode, la position couchée est plus tolérable.
Cette
attitude contemplative pourrait être sereine si elle n’était pas entachée d’un
certain sentiment de culpabilité. Il relève du fait qu’on se sent incapable
d’agir alors qu’on ne ressent pas de douleurs intolérables. Rien à faire :
Le moteur est grippé.
En
fait, il s’agit d’une forme de paralysie de tout le système. Une diminution de
l’appétit, une augmentation de l’apathie.
Elle
empêche de se mouvoir, de réfléchir, de se défendre, on devient une victime
soumise, une forme amorphe, une loque à terre. Même si les propriétaires n’en sont pas exclus. Et c’est difficile de
s’en relever.
Certaines
personnes sont prédisposées à cette maladie, mais personne à ma connaissance,
ni personne de mes connaissances, ne peut y échapper : elle vous guette et
vous attrape un jour ou l’autre.
Aucun
remède n’est prévu pour guérir ou au
moins enrayer cette pathologie. Ni vaccin, ni médicaments, ni médecines, ni
médecins.
Ce
virus malfaisant, si j’ose ce pléonasme, est connu sous le terme de flemmingite
aiguë.
Je
pense avoir dépassé la phase cruciale et j’espère enfin apercevoir bientôt le
bout du long tunnel dans lequel je reste encore englué.
Pour
les couronnes, c’est encore prématuré. Mais pour les fleurs et les chocolats,
c’est ad libitum, comme disaient les grecs qui parlaient romain.
Enfin
je dis ça comme ça…