Très déçu !
Que je suis
déçu ! Très déçu ! Terriblement déçu !
Pourtant, j’ai fait tellement pour réussir !
Et pas que des petites choses.
J’ai fait le forcing, comme disent les managers français,
sur deux plans, ou deux niveaux – au choix– : l’écologie et la diversité.
Côté écolo :
D’abord, j’ai repeint tous mes volets et toutes mes portes
en vert. En vert jardin s’il vous plaît ! Comme ma brouette préférée.
J’ai presque revendu ma voiture, pourtant verte comme chacun
sait, baptisée « rainette », devinez pourquoi… l’affaire étant
quasiment faite, j’ai presque commandé une bicyclette de même couleur pour la
remplacer (voir l’article « L’écolo
en vélo » ci dessous).
Thierry Lhermite à qui un reporter demandait ce qu’il
faisait pour sauver la Planète avait répondu fièrement qu’il triait ses
déchets. Ce qui est admirable. Eh bien moi, je fais cela depuis très longtemps.
Ce qui est encore plus admirable.
Pour être plus vert encore, pour sauver mes quelques rosiers
souffreteux, disparaissant sous des colonies entières de pucerons, j’ai
commandé des coccinelles, censées bouffer toutes ces bestioles malfaisantes en
quelques jours. Les résultats n’ont pas été à la hauteur des promesses
mirobolantes des prospectus (voir l’article « coccinelles
martyrisées »ci-dessous).
En plus, j’ai économisé l’eau tant et plus. J’ai arrosé mon
jardin à l’eau de pluie, mais uniquement quand il pleuvait. Je n’ai plus pris de
bain : pour mes ablutions j’ai utilisé un tub, enfin disons une grande
cuvette que je remplissais d’eau de pluie… quand il pleuvait. Le problème, si
on ne veut pas inonder toute la pièce c’est qu’il faut mettre les pieds les premiers dans la bassine. Or,
l’eau du ciel n’est pas toujours d’une très grande limpidité et s’il n’y a pas
plu depuis longtemps les pieds ne sont pas toujours très clairs… si bien que
lorsqu’on a grimpé dans le récipient… l’eau avec laquelle on doit se laver et
se rincer est un tant soit peu bourbeuse… enfin vous imaginez la suite… Au bout
d’un certain temps de cette pratique, je vous assure qu’on devient vert de la
tête aux pieds. Les algues sans doute.
J’ai cessé de boire de l’eau, même de pluie. J’ai fait avec
le vin ou la bière, ou autres liquides similaires, si effrayants pour la santé.
Une contribution de plus à l’écologie qui m’a beaucoup coûté, dans tous les
sens du terme. Je suis vraiment admirable !
Bref, avec ma teinture d’un beau vert écolo, je pensais que
j’avais toutes mes chances.
Surtout qu’en plus, je fais partie de la diversité !
Côté diversité.
D’abord, je ne regarde jamais la télé. J’avoue que ce n’est
pas un gros sacrifice parce qu’enfin entre Delarue, les séries américaines et
autres navets… Sauf au moment des infos.
Et là c’est très méritoire, parce que supporter pendant une demi-heure un
Cucuconcon sur la Une ou une Cucugnangnan , dite aussi « Mamie Sucette »
sur la Deux relève de l’exploit. Mais il
faut bien se tenir au courant de l’actualité. Car je n’achète jamais de
journaux pour sauvegarder nos belles forêts. Je n’achète que des magazines,
Marianne pour ses entrefilets, le Figaro pour ses mots croisés, le Nouvel Obs
pour ses rubriques culturelles, l’Humanité pour ses gags etc.: on ne peut
diversifier plus que moi.
Je déteste le foot et rien me navre plus que de voir cet
engouement général, que dis-je cette hystérie collective, qui s’empare des foules pour cette mascarade hors de prix.
Cà, c’est une diversité de plus à mon actif.
Je n’ai jamais fait de politique et je n’ai jamais voté pour
qui que ce soit (enfin si, j’ai voté pour Lui – ça ne mange pas de pain). Même
pas pour Bayrou. J’ai toujours voté contre ceux dont je ne voulais pas, même
pas contre Bayrou..
Je n’aime pas l’art contemporain et j’ai été très content le
jour où un grand philanthrope, doublé d’un non moins grand mécène, dont je ne
citerai pas le nom pour sauvegarder sa modestie, a décidé d’installer en Italie
ses résidus de décharges publiques parés du nom d’œuvres d’art moderne. Ouf
nous l’avons échappé belle !
Mais, je ne veux pas m’étendre sur d’autres diversités plus
ou moins avouables et trop longues à énumérer.
Bref, si j’ose dire, avec cette panoplie complète
d’écologiste et cette avalanche de caractéristiques diversificatoires,
je n’ai pas été choisi ! Même pas contacté !
Alors que j’avais déjà réjouis mon banquier en lui annonçant
que mon salaire allait passer du Smic à près de 20.000 € , accompagnés
d’avantages somptueux, voiture de luxe et de fonction, personnels à ma botte
d’Italie, etc…
Nicolas ne m’a pas
appelé encore cette fois et donc je ne serais pas ministre cette année !
Que je suis déçu ! Très déçu ! Terriblement
déçu !
Enfin, peut-être dans huit mois….