...à l'état pur !
Un jour, si je trouve le temps, j’écrirai un traité sur la
connerie. Cette maladie, venue sans doute du fond des âges avec une certaine
discrétion, semble se répandre aujourd’hui à la vitesse d’un tsunami et avec une
ampleur mondiale. À tel point que je me demande parfois si moi-même je n’en
suis pas atteint…
En attendant une réponse à cette question, je peux toujours citer
quelques unes de ces facéties du langage
qui méritent d’être mis sur le compte de cette épidémie.
D’abord, cette publicité dans une grande surface, que je ne
nommerai pas, par pitié : « Bière désaltérante ». Quel choc j’ai
eu ! Moi qui jusqu’alors achetais de la bière pour cirer mes chaussures,
ou astiquer mes plantes vertes, voilati pas qu’elle devenait buvable ! Avant,
elle ne désaltérait pas, ceux qui en buvaient n’étaient que des originaux ou
des boit-sans-soif. Maintenant, elle est enfin dé-sal-té-rante, et désormais
tout le monde peut en boire. Bonne nouvelle non ?
Aujourd’hui, parlant de la proximité du bac, une reporter de
télé a déclaré que « Certains prenaient des cours de rattrapage pour
améliorer leurs lacunes » ! Je pense que c’est la meilleure solution
pour augmenter ses chances de rater son examen. Mais est-ce bien le but
recherché ? Quand à celle qui annonçait allègrement que les commerçants
inondés jusqu’au cou « allaient avoir des pertes sèches », elle n’était
pas mal dans son genre non plus.
Ah, et cet homme politique, peut importe lequel, qui
déclarait avec conviction « qu’il fallait s’unir ensemble ». Il avait
choisi la formule la plus difficile, s’unir tout seul était de beaucoup plus
aisée à entreprendre.
Aussi, cet expert, dit « intervenant », qui affirmait,
toujours à la télé, d’un ton docte « Devant
la crise, les États ont des fortunes diverses ». The right
word at the right place, isn’t it ?. Peut-être l’infortune aurait-elle
été plus idoine. Enfin, quand on pense que toute l’économie mondiale reposait
sur quelques gros pontes écervelés qui jouaient au monopoly, en achetant et en
vendant en monnaie de singe des « produits » qui n’existaient pas, on
peut passer cette connerie dans les moindres évènements.
Un autre de la même trempe annonçait que « les clients influençaient le
commerce ». On pourrait ajouter sans être expert que les vendeurs ont
aussi quelquefois un rôle à jouer dans les transactions.
Les publicistes chargés de trouver des slogans pour vendre
les forfaits téléphoniques ne sont pas en reste. « Des prix préférentiels
pour tous ! » . Voilà une bonne nouvelle ! On est choyé. Quelque
soit le forfait choisi, il est préférentiel !
Ou encore « Des forfaits illimités ! » .
Enfin des forfaits au même niveau que la connerie !
Encore s’agit-il ici de conneries de bas niveau, il y en a
des milliers d’autres, déclamées ou réalisées par les grands hommes de ce Bas
Monde.