Arbres à came ?
Que se passe-t-il dans nos forêts ? Depuis qu’ils
entendent parler d’écologie, les arbres arborent un comportement copié sur
celui des hommes, ce qui est terriblement inquiétant. On comprend bien qu’ils
en ont assez de se faire scier, mais quant à mimer les humains tout de même !
Bloc-notes en main et en papier recyclé pour ne pas avoir
l’air de faire de la provocation, j’ai parcouru quelques bois alentours et ce
que j’ai relevé m’a fait peur !
Jugez-en plutôt :
J’ai surpris le chêne, ci-devant roi des forêts, en train de
glander, face à des porcs goguenards.
Le chêne-liège, ci-devant vice-roi, lui se plaignait de ne
plus avoir de débouchés et son attitude flottante laissait à penser qu’il pourrait pousser le bouchon un peu trop loin.
Et puis, j’ai vu un charme qui s’apprêtait à opérer ! Un
ormeau qui élevait des lapins ! Un tremble qui n’avait plus peur de rien. Un
bouleau qui faisait grève au bord de la rivière, fier comme un pape, il portait
même une pancarte « Défense de
pêcher ». Près de lui, de le voir ainsi affublé, un saule pleurait de
rire à s’en faire tomber les chatons !
Il n’était pas le
seul à émettre des revendications,
d’autres portefeuilles, s’y étaient mis.
Le platane ne voulait plus percuter les voitures, en revanche le sycomore,
toujours bon vivant, ne demandait qu’à prendre
le job. Le frêne désirait accélérer sa croissance qui pourtant est déjà rapide. Le pin parasol voulait faire de
l’ombre aux autres et demandait d’avoir pignons sur rue ! Le hêtre refusait
de continuer d’être auxiliaire, hêtre et ne pas être, telle était sa
réponse ! Le cyprès souhaitait vivement aller vers les îles lointaines
sous le vent. L’érable exigeait le titre de vénérable à part entière ! Et
puis quoi encore !
Certains autres cependant étaient en perte de vitesse. J’ai
constaté que le peuplier avait perdu sa belle souplesse d’antan, pire : il
tremblait de toutes ses feuilles. Que le tilleul dormait en permanence. Que l’if
se faisait de plus en plus vieux et prenait
sérieusement de la bouteille. Que le figuier faisait piètre figure. Que le
sapin sentait la mort. Que le mélèze avait des malaises de plus en plus
fréquents, et il commençait à perdre ses
aiguilles. Au printemps ! Qu'un autre mélèze, balèze autrefois celui-là, n'était plus que l'ombre de lui-même.
Dans nos vergers aussi la contagion progresse, parfois
bizarrement. J’ai vu un poirier faire les pieds au mur ! Un pommier
revendiquant la découverte de la gravitation universelle qu’il aurait transmise
à un certain Newton, dont on a jamais entendu parler !
Outre-mer, et à l'étranger, on commence à entrevoir les prémices de l'étrange épidémie.
Les bananiers se couvrent de décorations ridicules. Les palmiers n’ont plus la
mémoire des dattes. Les cocotiers ne veulent plus pondre de cocos. Les hévéas
qui se la coulent douce maintenant ont porté plainte contre les pilleurs de
troncs à l’instar des pins des Landes. L’iroko singe les iroquois avec sa petite touffe sur la tête ! Le
comble : on a surpris des benjoins en train d’en fumer un ! Le baguenaudier est parti baguenauder dans la steppe. Le banian s'est mis au Banania au détriment du fromage. Quelle époque !
Il paraît même que l’écorce de certaine essence, mais on ne
peut dire laquelle à cause de représailles possibles, a demandé
l’indépendance ! Mais n’allez pas le raconter car le sujet est
brûlant !
Si la tendance s’accroît, la situation deviendra vite intenable,
on a de la sciure à se faire ! Au lieu de stère, on ferait bien mieux de
bûcher la question.
Il m’a semblé de mon devoir de vous mettre en garde.
Si de votre côté, vous avez remarqué des incidents
analogues, n’hésitez pas à m’en faire part. Je les rajouterai au dossier.
Merci d’avance.
Rajouts des ami(e)s:
Gzormix y met son grain de
sel: "...au lieu de lire
ailleurs" "Le lilas qui la Critique de la raison pure" ou "
...qui l'annuaire des téléphones" (Ces deux romans ne sont pas
du même auteur !)
Merci à vous