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Pratique de la dérision pure
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Pratique de la dérision pure
14 avril 2008

Devant l’incompréhensible incompréhensibilité de

 

 

Devant l’incompréhensible incompréhensibilité de l’art intrinsèque et révolutionnaire de certains visiteurs, j’ai demandé à mon critique d’art habituel de nous expliquer la signification de ce tableau, fruit de centaines d’heures de réflexion et de travail acharné. Malgré ma modestie légendaire,(voir le texte « ma modestie ») je suis dans l’obligation morale de faire paraître ci-après, le résultat de son analyse afin d’ouvrir les esprits à l’art moderne dans tous ses états :

« L’œuvre, je devrais dire le chef-d’œuvre, qui nous est présenté aujourd’hui confine au génie, mais c’est vrai pour toutes les œuvres de ce créateur prolixe.

Le visiteur est d’abord intrigué, puis attiré par cette vive couleur orange qui semble l’appeler. Suivons-le.

Comme lui, nous sommes attirés, mais un peu trop peut-être, comme par une sorte de légère contrainte.

Ce qui nous donne ce sentiment, c’est la conception intrinsèque du tableau. Le contraste de l’orange vif sur le fond noir sur lequel il est présenté, fait que l’image sort de son support, comme si elle venait à nous. Appel de la couleur, appel du contraste, nous nous sentons presque obligés d’aller plus près de l’œuvre.

Approchons donc.

Surprise , ce n’est plus un tableau que nous avons devant nous : c’est une fenêtre ! Une fenêtre qui nous projette dans un univers à trois dimensions. 

Nous nous trouvons dans une pièce, ou dans la cellule d’un engin spatial, on en fera le choix selon notre imagination. Baignés et comme protégés dans une atmosphère chaude, par cette fenêtre, ou ces hublots, incertains, nous pouvons contempler un monde extérieur gris et donc froid.

Mais l’auteur nous égare pour mieux nous conduire là où il veut !

Les sinusoïdes de la fenêtre évoquent à la fois la fluidité d’un liquide, et les courbes ondulatoires d’un corps féminin.

Et soudain, nous rejoignons l’auteur là où il nous attendait en intitulant finement son œuvre : « 1er jus d’orange » !

C’est une chaude journée d’été et nous étouffons : c’est la couleur orange d’un soleil brûlant et la cloison qui nous donnent cette impression. Nous aspirons à la fraîcheur de l’extérieur dont nous sommes séparés par cette fenêtre liquide et désirable .

Tout nous pousse à la convoitise de ce jus d’orange ! Nous en avons le désir ! Jusqu’à ces petits points noirs folâtres qui évoquent en nous le piquant, l’acidité, éventuellement le pétillement des bulles… Jusqu’à ces courbes sinusoïdales qui nous font penser maintenant à la pelure d’une orange !

Contrairement à une nature morte, qui est morte, comme son nom l’indique, une œuvre intrinsèque est vivante : elle suggère, elle évoque, elle invoque, elle apporte de multiples dimensions et nous conduit vers un but déterminé par l’auteur.

Encore faut-il qu’il ait du génie comme ce surprenant Gzormix…

Gageons qu’après avoir contemplé ce tableau plein de vie, nous nous précipiterons vers le bar le plus proche pour, enfin, déguster, ce jus d’orange qu’il nous a fait convoiter. »

Vous n’aviez pas vu mon œuvre comme cela n’est-ce pas ?

Je vous invite à contempler l’album « Créations artistiques » : de purs chef-d’œuvre !

                                                             1er jus d'orange

1er_Jus_d_orange

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Commentaires
G
J'aime les critiques si clairement exprimées et quasiment dithyrambiques, ce que je n'aurais jamais osé faire. Toutefois, il faut reconnaître qu'être daltonien, fausse la notion, disons triviale, qu'on a habituellement de certaines couleurs. Mais ouvre de nouvelles perspectives d'investigations, surtout chez les individus dotés du pouvoir d'aller creuser dans l'en-soi profond, voir plus si affinités. Enfin, il y croire et surtout, ne pas s'endormir, ni sur ses lauriers, ni sur un bouquet d'orties...
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J
La complexité et la sophistication de l'art contemporain, si bien décrit dans vos explications, me laisse perplexe et admiratif.<br /> Après quelques heures de méditation devant ce "jus d'orange au verre" je viens seulement de réaliser que ce jus coulant (virtuellement) hors du tableau sur le mur, fait par extension de celui ci le complémentaire de l'œuvre. En l'occurrence, c'est toute la définition de la matérialité de l'objet/art qui est remise en cause. Avec cette œuvre, nous sommes vraiment dans l'art du XXIéme siècle.
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J
Il me semble que le jus d'orange est débordé de l'œuvre pour venir s'étaler sur la surface désespérément plane de la toile. <br /> Ce qui me pose un problème, c'est la consistance du verre : est-il bien raisonnable de mettre du jus d'orange dans un vert à pied ? Le choix très subjectif de cette couleur végétale rompt avec la tradition néo-classique de la suprématie de la ligne. <br /> Dois-je préciser que je suis daltonien ?
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