Devant l’incompréhensible incompréhensibilité de
Devant
l’incompréhensible incompréhensibilité de l’art intrinsèque et révolutionnaire
de certains visiteurs, j’ai demandé à mon critique d’art habituel de nous
expliquer la signification de ce tableau, fruit de centaines d’heures de
réflexion et de travail acharné. Malgré ma modestie légendaire,(voir le texte
« ma modestie ») je suis dans l’obligation morale de faire paraître
ci-après, le résultat de son analyse afin d’ouvrir les esprits à l’art moderne
dans tous ses états :
« L’œuvre,
je devrais dire le chef-d’œuvre, qui nous est présenté aujourd’hui confine au génie,
mais c’est vrai pour toutes les œuvres de ce créateur prolixe.
Le visiteur est d’abord intrigué, puis attiré par
cette vive couleur orange qui semble l’appeler. Suivons-le.
Comme lui, nous sommes attirés, mais un peu trop
peut-être, comme par une sorte de légère contrainte.
Ce qui nous donne ce sentiment, c’est la conception
intrinsèque du tableau. Le contraste de l’orange vif sur le fond noir sur
lequel il est présenté, fait que
l’image sort de son support, comme si elle venait à nous. Appel de la couleur,
appel du contraste, nous nous sentons presque obligés d’aller plus près de
l’œuvre.
Approchons donc.
Surprise , ce n’est plus un tableau que nous avons
devant nous : c’est une fenêtre ! Une fenêtre qui nous projette dans
un univers à trois dimensions.
Nous
nous trouvons dans une pièce, ou dans
la cellule d’un engin spatial, on en fera le choix selon notre imagination.
Baignés et comme protégés dans une atmosphère chaude, par cette fenêtre, ou ces
hublots, incertains, nous pouvons contempler un monde extérieur gris et donc
froid.
Mais l’auteur nous égare pour mieux nous conduire là
où il veut !
Les sinusoïdes de la fenêtre évoquent à la fois la fluidité d’un liquide, et les courbes ondulatoires d’un corps
féminin.
Et soudain, nous rejoignons l’auteur là où il nous attendait en
intitulant finement son œuvre : « 1er jus
d’orange » !
C’est une chaude journée d’été et nous
étouffons : c’est la couleur orange d’un soleil brûlant et la cloison qui
nous donnent cette impression. Nous aspirons à la fraîcheur de l’extérieur dont
nous sommes séparés par cette fenêtre liquide et désirable .
Tout nous pousse à la convoitise de ce jus
d’orange ! Nous en avons le désir ! Jusqu’à ces petits points noirs
folâtres qui évoquent en nous le piquant, l’acidité, éventuellement le pétillement
des bulles… Jusqu’à ces courbes sinusoïdales qui nous font penser maintenant à
la pelure d’une orange !
Contrairement à une nature morte, qui est morte,
comme son nom l’indique, une œuvre intrinsèque est vivante : elle suggère,
elle évoque, elle invoque, elle apporte
de multiples dimensions et nous conduit vers un but déterminé par l’auteur.
Encore faut-il qu’il ait du génie comme ce
surprenant Gzormix…
Gageons qu’après avoir contemplé ce tableau plein de
vie, nous nous précipiterons vers le bar le plus proche pour, enfin, déguster,
ce jus d’orange qu’il nous a fait
convoiter. »
Vous n’aviez pas vu mon œuvre comme cela n’est-ce
pas ?
Je vous invite à contempler l’album « Créations artistiques » : de purs chef-d’œuvre !
1er jus d'orange